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Les Trachiniennes (date inconnue)

© Christian Carat Autoédition

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Le temps perdu

Le temps gagné

Parodos

Acte I : Origines

Acte II : Les Doriens

Acte IV : Alexandre

Acte V : Le christianisme

Acte III : Sophocle

Nessos est un centaure, un être mi-homme mi-cheval.


Ixion, le roi des Lapithes, régnait depuis la cité de Gyrton en Thessalie ("A droite du Pénée et non loin de ses bouches est bâtie Gyrton, cité à la fois perrhébéenne et magnète, et ancienne résidence des rois Ixion et Pirithoos", Strabon, Géographie, VII, fragments 15 et 17). Il était marié avec une dénommée Dia, avec laquelle il eut un fils, Pirithoos. Mais il désira un jour conquérir Héra, la sœur et épouse de Zeus. Apprenant cela, Zeus conçut un sosie d’Héra nommé Néphélé ("Nefšlh", c’est-à-dire "nuage" en grec). Croyant avoir affaire à Héra, Ixion coucha avec Néphélé. De cette union naquit un bâtard appelé Kentauros ("Kšntauroj", peut-être dérivé de "kšntron"/"dard", qui renverrait ainsi au sauvage et irrépressible désir sexuel d’Ixion), un monstre ayant hérité de l’apparence humaine de son père et des pouvoirs divins de sa mère. Rejeté par Ixion, Kentauros devenu adulte parcourut la Thessalie pour fonder sa propre famille à laquelle il donna son nom, les Centaures, en s’accouplant avec des juments ("[Ixion] conçut dans son aveugle délire une furieuse passion pour Héra, que la couche du grand Zeus est seule digne de recevoir. Mais son orgueilleuse audace le précipita dans un abîme de maux. Doublement coupable, d’abord quand le premier il souilla la terre du sang de son beau-père, et ensuite quand dans l’enceinte du palais sacré il osa attenter à la pudeur d’Héra l’épouse du puissant Zeus, un supplice devint bientôt le juste châtiment de ses crimes. Mortels, apprenez ainsi à ne jamais former des vœux au-dessus de votre faible nature ! Ixion, pour assouvir sa passion sacrilège, se précipita dans l’excès du malheur, aveugle qu’il était : il n’embrassa qu’un nuage, et son amour trompé s’enivra de ce doux mensonge ! Néphélé, brillant fantôme, pour l’entraîner à sa perte, prit sous la main de Zeus la forme de la céleste fille de Cronos […]. Néphélé, mère unique de son espèce, conçut sans l’assistance des Grâces un fruit aussi unique dans la sienne : sa nourrice le nomma Kentauros, monstre aussi étranger aux formes humaines et aux attributs de la divinité, qui courut dans les vallées du Pélion se perpétuer en s’accouplant avec les juments de la Thessalie. C’est de ces unions qu’est née la race extraordinaire des Centaures, participant à la forme de leur père et de leurs mères, hommes jusqu’à la ceinture et chevaux dans la partie inférieure du corps", Pindare, Pythique II ; "Ixion tomba amoureux d’Héra et il chercha à lui faire violence. Quand Héra le lui répéta, Zeus voulut s’assurer du fait. Alors il prit un nuage, il lui donna l’aspect d’Héra, et il le mit dans le lit à côté d’Ixion. Celui-ci sortit pour se vanter d’avoir fait l’amour avec Héra. Aussitôt Zeus l’attacha à une roue, qui le fit tourner perpétuellement dans le ciel au gré du vent. Aujourd’hui encore, Ixion expie ainsi son crime. De l’union d’Ixion et de ce nuage naquit Kentauros", pseudo-Apollodore, Bibliothèque, Epitomè I.20 ; "[Ixion] tomba amoureux de la femme de Zeus et il osa même lui déclarer sa passion. Mais Zeus donna à un nuage la ressemblance d’Héra et Ixion l’ayant embrassé engendra Kentauros qui était de nature humaine […]. Des auteurs ont écrit que Kentauros fut nourri par des nymphes sur le mont Pélion, qu’étant devenu adulte il se mêla avec des juments et engendra les Hippocentaures, monstres qui tenaient en même temps de la nature de l’homme et de celle du cheval", Diodore de Sicile, Bibliothèque historique IV.69-70). Nessos est l’un de ces Centaures. Selon Diodore de Sicile, derrière cette légende d’êtres mi-hommes mi-chevaux se cache un fait historique très simple : la famille de Kentauros en Thessalie serait la première famille grecque à avoir domestiqué le cheval, la vue des membres de cette famille constamment montés à cheval aurait donné naturellement naissance, dans l’imaginaire des autres Grecs, à leur fusion avec les montures qu’ils dirigeaient ("Certains disent qu’on donna aux Centaures, descendants d’Ixion et de Néphélé, le surnom d’Hippocentaures parce qu’ils ont été les premiers à avoir su monter à cheval, et que c’est là que provient l’erreur de ceux qui ont cru qu’ils étaient moitié hommes et moitié chevaux", Bibliothèque historique IV.70).


Ixion ayant été condamné à la roue par Zeus, son fils Pirithoos a hérité du royaume lapithe. Les Centaures ont réclamé à ce dernier de partager le gouvernement. Pirithoos a refusé. La tension a perduré, jusqu’au jour où Pirithoos s’est marié avec une Thrace nommée Hippodamie. Pirithoos a invité les Centaures à son repas de noces, mais ceux-ci se sont enivrés et, égarés par leur ivresse, ont tenté d’abuser d’Hippodamie. La guerre entre les Lapithes, qui se sont tous rangés derrière Pirithoos, et les Centaures, est alors devenue inévitable. L’Athénien Thésée, présent au mariage, a participé au combat aux côtés de Pirithoos ("Jadis le vin fit perdre la raison au fameux Centaure Eurythion lorsqu’il était chez les Lapithes, auprès du magnanime Pirithoos. Quand le vin eut troublé ses sens, il devint furieux et commit des crimes épouvantables dans le palais même de Pirithoos. Mais la colère s’empara bientôt de tous les héros réunis. Ils se jetèrent sur Eurythion, le traînèrent hors du vestibule, et avec le bronze cruel lui coupèrent le nez et les oreilles. Le Centaure Eurythion vivement offensé s’en alla, son esprit insensé ne rêvant que vengeance. Voilà quelle fut l’origine de la guerre qui eut lieu entre les Centaures et les hommes où, le premier de tous, succomba cet ivrogne", Odyssée XXI.295-304 ; "Thésée combattit aux côtés de Pirithoos quand celui-ci fit la guerre aux Centaures. Pirithoos s’était fiancé à Hippodamie, et au banquet participèrent aussi les Centaures, qui lui étaient apparentés. Le vin coulant à flots, les Centaures qui n’étaient pas habitués à le boire s’enivrèrent. Quand la fiancée arriva, ils cherchèrent à la violenter. Alors Pirithoos prit les armes et les attaqua avec l’aide de Thésée, qui en tua plusieurs", pseudo-Apollodore, Bibliothèque, Epitomè I.21 ; "L’histoire rapporte qu’ayant demandé à Pirithoos de partager avec eux le royaume, et que Pirithoos n’ayant pas écouté leur requête, ils lui déclarèrent la guerre à lui et aux Lapithes. Cette guerre étant apaisée, Pirithoos épousa Hippodamie fille de Bystos et invita à ses noces Thésée et les Centaures. Ces derniers s’étant enivrés entreprirent de violer toutes les femmes présentes au festin. Thésée et les Lapithes, irrités de cette insolence, en tuèrent un grand nombre et chassèrent les autres hors de la cité", Diodore de Sicile, Bibliothèque historique IV.70 ; "Pirithoos, qui épousait Hippodamie, pria Thésée de venir à ses noces et de profiter de cette occasion pour connaître son pays et passer quelque temps avec les Lapithes. Il avait aussi invité les Centaures qui, au cours du repas, ayant bu avec excès, perdirent toute retenue, et voulurent même attenter à l’honneur des femmes. Les Lapithes prirent leur défense, et, se jetant sur les Centaures, ils en tuèrent plusieurs, et déclarèrent la guerre aux autres", Plutarque, Vie de Thésée 29).


Selon l’Iliade, les Lapithes ont été vainqueurs : évoquant Polypoetès, fils de Pirithoos et d’Hippodamie participant à la seconde guerre de Troie, le narrateur de l’Iliade affirme que Pirithoos a repoussé les Centaures vers la tribu thessalienne des Ethices ("L’illustre Hippodamie a conçu [Polypeotès] dans les bras de Pirithoos, le jour où il tira vengeance des monstres velus, les chassa du Pélion et les poussa vers les Ethices", Iliade II.742-744). Diodore de Sicile au contraire, sans remettre en cause une victoire momentanée de Pirithoos, dit que la guerre a tourné à l’avantage des Centaures : certains Lapithes ont été contraints de fuir vers le Péloponnèse, dans l’actuelle région de Foloé, entre l’Arcadie et l’Epire, les autres sont partis vers l’actuel golfe Maliaque, les premiers et les seconds y ayant été suivis par les Centaures qui ont continué de les tourmenter ("Les Centaures marchèrent ensuite tous ensemble contre les Lapithes et les ayant vaincus, ils obligèrent les survivants du combat à s’enfuir vers Pholoé d’Arcadie. Quelques-uns des Lapithes se retirèrent à Malée et s’y établirent. Les Centaures, que ce succès rendirent vaniteux et fiers firent plusieurs irruptions autour de Pholoé et ne s’occupèrent plus qu’à voler les passants et à massacrer leurs voisins", Bibliothèque historique IV.70). La dispersion des Centaures vers le Péloponnèse s’explique peut-être - toujours si l’on accepte l’hypothèse de Diodore de Sicile selon laquelle les Centaures ne sont pas des êtres mi-hommes mi-chevaux, mais plus simplement une famille d’hommes passionnés par les chevaux, qui occupaient tout leur temps à les domestiquer - par le fait que, selon Strabon, l’Arcadie compte des chevaux d’aussi bonne race et des pâturages en aussi grand nombre que la Thessalie ("Le pays abonde en excellents pâturages, où l’on élève surtout des chevaux et des ânes mulassiers. Les chevaux d’Arcadie passent même pour être de race supérieure, comme ceux de la plaine d’Argos et de l’Epidaurie. L’Etolie et l’Acarnanie, pays aussi vastes, renferment pareillement d’immenses espaces qui, pour l’élevage des chevaux, ne le cèdent pas aux gras pâturages de la Thessalie", Géographie, VIII, 8.1). Dans ces combats entre Centaures et Lapithes, Nessos ne se révèle pas le plus courageux : une peinture réalisée sur la coque de l’Argo, décrite par l’auteur romain Valérius Flaccus, le montre s’enfuyant ("Nestor est monté sur le dos de Monychos, qui se débat vainement contre son cavalier, Clanis lance à Actor un tison enflammé, le noir Nessos s’enfuit, et, couché sur les tapis, Hippasos cache sa tête dans un vase d’or vide", Argonautiques I.145-149).


Héraclès a conclu cette guerre incertaine entre Centaures et Lapithes. En route pour son quatrième travail - la capture du sanglier d’Erymanthe -, il s’est accordé une halte dans la région de Foloé, où il a été accueilli par Pholos, un centaure particulier puisque n’étant pas fils de Kentauros et d’une jument, mais fils du satyre Silène et d’une nymphe. Au cours du repas, Pholos a ouvert un vase de vin appartenant aux Centaures : ces derniers ont été attirés par l’odeur du vin, et, soit désireux de se soûler, soit désireux de punir Pholos, ont convergé vers Foloé. Mais ils sont tombés sur Héraclès, qui les a battus ("Pour son quatrième travail, Héraclès devait ramener vivant le sanglier d’Erymanthe, une bête qui dévastait Psophis lorsqu’elle déboulait de la montagne appelée Erymanthe. Comme il traversait Pholoé, Héraclès rencontra le centaure Pholos, le fils de Silène et d’une nymphe mélienne. Pholos offrit à Héraclès de la viande rôtie alors que lui la mangeait crue. Quand ensuite Héraclès demanda du vin, il répondit qu’il n’avait pas le courage d’en ouvrir le vase, qui appartenait à la communauté des Centaures. Mais Héraclès lui donna du courage et Pholos ouvrit le vase. Peu après, ayant senti l’odeur du vin, les Centaures arrivèrent à la caverne de Pholos, armés de pierres et de bâtons. Les premiers qui osèrent se précipiter à l’intérieur furent Anchios et Agrios, mais Héraclès les repoussa, en leur jetant des tisons ardents ; quant aux autres, il les prit pour cibles avec ses flèches, et il les pourchassa jusqu’à Malée", pseudo-Apollodore, Bibliothèque, II, 5.4 ; "Héraclès, de son propre mouvement, combattit ensuite les Centaures à l’occasion  suivante. Un centaure appelé Pholos avait accordé l’hospitalité à Héraclès. Il ouvrit en son honneur un vase de vin qu’il tira de terre. On dit que Dionysos avait donné ce vase à Pholos avec ordre de le conserver jusqu’à la venue d’Héraclès. Ce héros étant donc arrivé dans ce pays après quatre générations, le centaure se ressouvint de l’ordre de Dionysos, il ouvrit le vase et l’odeur excellente qui en sortit, causée par la bonté et par l’ancienneté du vin, s’étant répandue jusqu’aux proches demeures des Centaures, fut pour eux comme un aiguillon qui les incita à s’assembler en grand nombre autour de l’habitation de Pholos et à se jeter avec impétuosité sur cette boisson. Pholos tremblant de peur alla se cacher, mais Héraclès se défendit avec un courage surprenant contre les Centaures qui voulaient à toute force emporter le vase. Il fallait qu’il combattît contre des gens que la mère des dieux avait avantagés de la force et de la vitesse des chevaux, aussi bien que de l’esprit et de l’expérience des hommes. Ces Centaures l’attaquèrent armés, les uns de pins qui avaient encore toutes leurs racines, les autres de grandes pierres, quelques-uns portaient  des torches ardentes, et le reste avait des haches pour tuer les bœufs. Héraclès les attendit sans s’émouvoir et avec un courage digne de ses premiers exploits. Néphélé, mère des Centaures, combattait encore contre lui en répandant une grande quantité de pluie qui ne nuisait en rien à ses fils, qui avaient quatre pieds, mais qui faisait glisser Héraclès qui ne se soutenait que sur deux. Cependant, malgré tous les avantages que ses adversaires avaient sur lui, il les battit vigoureusement, il en tua plusieurs et mit les autres en fuite", Diodore de Sicile, Bibliothèque historique IV.12). Les survivants se sont éparpillés à travers toute la Grèce, dont Nessos qui a élu domicile sur les bords du fleuve Evénos (aujourd’hui le fleuve Phidaris) en Etolie ("Les Centaures rescapés s’enfuirent dans toutes les directions : certains gagnèrent le mont Malée, Eurytion alla à Pholoé, et Nessos au fleuve Evénos. D’autres furent accueillis à Eleusis par Poséidon, qui les cacha dans les montagnes", pseudo-Apollodore, Bibliothèque, II, 5.4). Pour l’anecdote, c’est à la suite de cette défaite finale des Centaures que Pholos, enterrant les vaincus, s’est blessé avec une des flèches d’Héraclès, et, sa blessure s’infectant, a trouvé la mort : Héraclès a enterré Pholos sur le lieu où celui-ci l’avait accueilli, qui a ainsi pris le nom de Foloé ("FolÒh" en grec, dérivé de "FÒloj"/"Pholos" : "Pholos, entre-temps, avait extrait d’un cadavre une des flèches d’Héraclès, et s’étonna qu’une si petite chose ait pu tuer des créatures si grandes. Mais la flèche lui échappa des mains, le blessa à un pied et le tua immédiatement. Revenu à Pholoé, Héraclès vit Pholos mort. Il l’enterra, puis il reprit la chasse au sanglier", pseudo-Apollodore, Bibliothèque, II, 5.4 ; "Il arriva un accident fatal à Pholos ami d’Héraclès. Comme il était de même famille que les Centaures, il enterrait tous ceux qui avaient été tués. En tirant une flèche du corps d’un d’entre eux, il s’en blessa lui-même, et sa plaie étant incurable il en mourut. Héraclès donna à Pholos, sous une montagne voisine de son habitation, une sépulture qui lui fut plus honorable que ne l’aurait été une colonne élevée à sa gloire. Car cette montagne ayant été nommée Pholoé, conserva fidèlement la mémoire de celui qui y avait été enterré, sans qu’il fût besoin d’aucune inscription", Diodore de Sicile, Bibliothèque historique IV.12).


Plus tard, après avoir achevé ses douze travaux, être revenu de l’expédition de Jason vers la Colchide et de la première guerre de Troie, Héraclès retrouve Nessos au bord du fleuve Evénos. La tragédie Les Trachiniennes de Sophocle relate longuement cet épisode : Nessos survit en monnayant son aide à traverser le fleuve ; Héraclès paraît un jour avec sa femme Déjanire, tandis qu’ils se dirigent vers Trachine ; il confie Déjanire à Nessos qui, au cours de la traversée, essaie d’abuser d’elle ; Héraclès décoche une flèche, qui blesse mortellement Nessos ("Nessos, pour un salaire, aidait les voyageurs à passer l’Evénos aux flots profonds. Il les portait dans ses bras et n’usait pour les convoyer ni de rames ni de voiles. Lorsque pour la première fois je suivis Héraclès en tant qu’épouse sur la route choisie par mon père, ce fut lui qui me porta sur ses épaules, quand soudain, au milieu du fleuve, il me toucha avec ses mains insolentes. Je crie, le fils de Zeus aussitôt se retourne et lui décoche une flèche empennée, qui s’en va en sifflant lui percer la poitrine et frapper les poumons", Les Trachiniennes 565-568 ; "Etant parti avec Déjanire, ils arrivèrent au fleuve Evénos. Le Centaure Nessos passait les voyageurs de l’autre côté du fleuve, moyennant un salaire : il disait que les dieux lui avaient accordé ce droit pour le récompenser de son équité. Héraclès traversa lui-même le fleuve, et donna Déjanire à transporter au Centaure, moyennant le prix convenu. Au milieu du passage, celui-ci voulut la violer. Elle se mit à crier, et Héraclès perça Nessos d’un coup de flèche dans le cœur, au moment où il sortait de l’eau", pseudo-Apollodore, Bibliothèque, II, 7.6 ; "Prenant avec lui Déjanire sa femme et leur fils Hyllos qui n’était alors qu’un enfant, ils arrivèrent ensemble au bord du fleuve Evénos. Ils trouvèrent là le Centaure Nessos qui, moyennant un certain salaire, transportait d’un côté du fleuve à l’autre ceux qui avaient envie de le traverser. Ce Centaure ayant d’abord pris Déjanire pour la faire passer de l’autre côté du fleuve, fut frappé de sa beauté et entreprit de lui faire violence. Déjanire implora en criant le secours de son mari. Héraclès lança un trait contre le Centaure qui, se sentant blessé à mort, dit à Déjanire qu’il voulait lui laisser un philtre amenant Héraclès à ne plus aimer aucune autre femme qu’elle", Diodore de Sicile, Bibliothèque historique IV.36 ; "L’Evénos se nommait primitivement le Lycormas, et c’est sur ses bords que la tradition place le meurtre de Nessos par Héraclès : suivant cette tradition, Nessos était préposé au passage du fleuve et Héraclès le punit d’avoir essayé, en transportant Déjanire, de lui faire violence", Strabon, Géographie, X, 2.5). Selon Strabon, le cadavre pourrissant de Nessos aurait donné son nom à la population ozole, vivant à proximité, autour des marais de Naupacte ("La région [d’Antirion] compte aussi Chalcis, cité déjà mentionnée par Homère dans son Catalogue étolien et située juste au-dessous de Calydon, et, près de Chalcis, la colline de Taphiassa sur les flancs de laquelle on aperçoit le tombeau de Nessos et des autres Centaures. Suivant la tradition, les cadavres des Centaures auraient pourri sur place et rendu puante ["ÑzÒ"] et grumeleuse comme elle est l’eau de la rivière qui passe au pied de la colline, et de là serait venue la qualification d’Ozoles ["OzÒlai"] donnée aux populations circonvoisines", Géographie, IX, 4.8). Pausanias mentionne également cette explication, parmi d’autres ("Le pays des Locriens nommés Ozoles confine à la Phocide du côté de Cirrha. J’ai entendu différentes raisons pour expliquer ce surnom des Locriens, et je les rapporterai toutes. Oresthée fils de Deucalion était roi de ce pays, sa chienne mit bas, et, au lieu d’un chiot, produisit un morceau de bois ; Oresthée l’ayant enterré, il en provint des vignes le printemps suivant ; ce fut des rameaux ["Ôzoj"] que ce bois avait produits, que les hommes de cette contrée prirent le nom d’Ozoles. D’autres disent que Nessos, qui transportait les voyageurs d’un côté du fleuve Evénos à l’autre, ayant été blessé par Héraclès, n’expira pas sur-le-champ, mais s’enfuit jusque dans ce pays, où il mourut, et son corps étant resté sans sépulture infecta l’air de son odeur en pourrissant", Description de la Grèce, X, 38.1-2).

  

Personnages

Résumé

Analyse

Héraclès

Iole

Nessos

Déjanire

Hyllos

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