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Antigone (-442)

© Christian Carat Autoédition

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Le temps perdu

Le temps gagné

Parodos

Acte I : Origines

Acte II : Les Doriens

Acte IV : Alexandre

Acte V : Le christianisme

Acte III : Sophocle

Créon est le frère de Jocaste, la reine de Thèbes. La tradition que nous véhiculons aujourd’hui rapporte sur son compte le récit suivant. Une rivalité s’étant instaurée entre Etéocle et Polynice, les deux fils de Jocaste, héritiers du trône, le premier s’est emparé de la couronne tandis que le second a dû s’exiler à Argos. Polynice allié de six grands chefs de cités a tenté un assaut contre Thèbes pour reprendre la couronne à Etéocle : cet assaut a échoué, et les deux frères se sont entretués lors d’un duel. Les troupes argiennes venues avec Polynice sont reparties vers Argos, plaçant leurs espoirs dans Thersandre le fils de Polynice, alors un enfant. La couronne de Thèbes quant à elle a été confiée à Laodamas le fils d’Etéocle. Mais celui-ci étant aussi un enfant trop jeune pour gouverner, Créon a assuré la régence en attendant sa majorité.


Le nom de Créon apparaît très tôt, dès le VIIIème av. J.-C., dans l’Iliade. Il est cependant remarquable que dans cette épopée Créon n’existe pas par lui-même mais comme "beau-père de" (il est désigné comme le beau-père du héros Héraclès : "Je vis Mégara, la fille de l’ardent ["Øpšrqumoj", littéralement "plein de vie", dérivé de "qumÒj"/"souffle, vie, âme, volonté", précédé de "Øpšr"/"au-dessus de" qui a gardé le même sens dans le préfixe français "hyper-" qui en découle] Créon, qu’épousa le fils d’Amphitryon à la force invincible", Odyssée XI.269-270). Dans la tragédie Les Sept contre Thèbes d’Eschyle, datée de -467, Créon n’existe pas davantage par lui-même mais comme "père de" (il est désigné comme le père du héros Mégarée : "C’est un homme qui porte son éloquence dans ses bras, Mégarée, fils de Créon, de la race des semés ["spartÒj"]", Les Sept contre Thèbes 473-474 ; dans Antigone, Sophocle fait une rapide allusion à cette mort héroïque de Mégarée : "[Eurydice] a d’abord gémi sur son premier mort, sur Mégarée et son sort glorieux", Antigone 1302-1303). Autrement dit, avant  Sophocle, Créon n’est qu’un personnage creux qui n’est resté dans la mémoire collective que grâce à son entourage. Aucun auteur avant l’Antigone de Sophocle ne dit que Créon a gouverné Thèbes comme un tyran cruel. Et même après la tragédie de Sophocle, Euripide dans ses Phéniciennes - à l’exception de la fin de cette pièce dont nous avons dit, dans notre présentation du personnage d’Antigone, pourquoi nous pensons qu’elle n’a pas été écrite par Euripide - continuera à le présenter comme un régent plein de bon sens et animé seulement par son affection paternelle pour son autre fils Ménécée ("Jamais je n’en viendrai à ce point de misère que j’offre à la cité mon fils égorgé ! La vie de leurs enfants est chère à tous les hommes, et nul ne donnerait son fils à tuer. Qu’on ne vienne pas me glorifier en mettant mes enfants à morts ! Moi-même, puisque j’en ai l’âge, me voici prêt à mourir pour délivrer la patrie. Réagis, mon enfant, avant que toute la cité ne sache : laisse là les oracles extravagants des devins, et fuis au plus vite hors du pays", Les Phéniciennes 963-972). Dans la même tragédie, Euripide rappellera par ailleurs que Créon n’est pas l’auteur du décret contre Polynice, contrairement à ce que dit Sophocle dans Antigone : l’auteur de ce décret est Etéocle, et Créon n’a fait que suivre les dernières volontés d’Etéocle en l’appliquant ("A ma cité et à toi, Créon, voici mes recommandations : si ma cause triomphe, que le cadavre de Polynice ne soit jamais enseveli en terre thébaine, et que quiconque voulant l’inhumer soit condamné à mort, même s’il est un ami", Les Phéniciennes 774-777).


Il est même possible, si on admet avec Sophocle dans Antigone que Créon est un tyran cruel - ce qu’il ne sera plus dans Œdipe roi ni dans Œdipe à Colone -, de relativiser sa culpabilité en lui accordant des excuses. Sophocle lui-même, dans les deux vers 1302-1303 précités d’Antigone, rappelle après Eschyle que Créon a perdu son fils Mégarée lors de l’assaut des Sept contre Thèbes. Euripide dans Les Phéniciennes rappelle de son côté qu’il a perdu un autre fils, Ménécée, lors du même assaut (pseudo-Apollodore raconte la mort de cet autre fils non moins patriote que Mégarée : "Tirésias annonça aux Thébains qu’ils vaincraient si Ménécée le fils de Créon se dévouait en sacrifice à Arès. Ménécée ayant appris cela, s’égorgea lui-même devant les portes. Le combat s’étant engagé, les Cadméens furent refoulés jusque derrière leurs remparts que Capanée, ayant pris une échelle, tenta d’escalader, quand Zeus le foudroya. A la suite de cet événement, ce fut la déroute parmi les Argiens", Bibliothèque, III, 6.7-8). Mégarée et Ménécée sont-ils une unique personne ? Le débat n’est pas clos entre spécialistes. Reste que la mort de ce ou ces fils à cause des Sept peut facilement expliquer la haine que Créon éprouve contre ces derniers, et contre tous ceux comme Antigone qui manifestent de la compassion à leur égard. Selon Pausanias, Ménécée a été enterré près des portes Néïstes ("Vous voyez à Thèbes, auprès des portes Néïstes, le tombeau de Ménécée fils de Créon, qui se tua lui-même pour obéir à un oracle rendu à Delphes, lorsque Polynice vint d’Argos avec une armée pour attaquer Thèbes. Il y a sur son tombeau un grenadier dont les fruits, lorsqu’ils sont mûrs, présentent en les ouvrant quelque chose qui ressemble à du sang", Description de la Grèce, IX, 25.1), où Etéocle et Polynice se sont précisément entretués ("On prétend que les fils d’Œdipe en combattant l’un contre l’autre se tuèrent mutuellement à peu de distance du tombeau de Ménécée : on y voit, pour preuve de leur combat, une colonne sur laquelle est un bouclier, le tout en marbre", Pausanias, Description de la Grèce, IX, 25.2) : sans doute la proximité des deux lieux a-t-elle toujours été insupportable à Créon, celui-ci ne pouvant pas accepter que son fils et le responsable de la mort de son fils reposent côte-à-côte dans la même terre. Mais Sophocle dans Antigone refuse de s’attarder sur ces circonstances atténuantes. Nous verrons pourquoi dans notre analyse de la pièce.

  

Personnages

Résumé

Analyse

Jocaste

Œdipe

Eurydice

Etéocle

Polynice

Ismène

Hémon

Antigone

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Créon