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Antigone (-442)

© Christian Carat Autoédition

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Le temps perdu

Le temps gagné

Parodos

Acte I : Origines

Acte II : Les Doriens

Acte IV : Alexandre

Acte V : Le christianisme

Acte III : Sophocle

Au IIIème siècle, un certain Philostrate décrit des tableaux qu’il prétend avoir vu à Naples, dont l’un représente Antigone pleurant Polynice au milieu des autres chefs tombés sous les murs de Thèbes, gisant dans l’attente de l’intervention militaire des Athéniens ("Tydée et Capanée, de même Hippomédon et Parthénopaios, s’ils se trouvent ici au nombre des morts, seront ensevelis par les Athéniens qui ont combattu pour recouvrer leurs cadavres. Quant à Polynice, fils d’Œdipe, c’est Antigone sa sœur qui l’ensevelit : c’est elle qui, pendant la nuit, étant sortie des murs, confie sa dépouille au sol de la patrie que le décret prétendait lui interdire sous prétexte qu’il avait rêvé de l’asservir. La plaine est couverte de corps amoncelés, de chevaux couchés là où ils sont tombés, des armes abandonnées par les guerriers, et enfin de cette boue sanglante qui, dit-on, comble de joie Enyo. Au pied du mur, au milieu des cadavres des chefs reconnaissables à leurs proportions surhumaines, on aperçoit Capanée semblable à un géant par sa taille et par son genre de mort : atteint par la foudre de Zeus, il est enveloppé de fumée. Antigone a soulevé le corps de Polynice, aussi grand que celui des autres chefs, pour l’ensevelir dans le monument d’Etéocle, pensant ainsi réconcilier les deux frères, seule réconciliation désormais possible. Admirons, mon enfant, l’habileté du peintre : la lune répand sur la scène une lumière inquiétante, la jeune fille frappée d’épouvante qui entoure de ses bras robustes le corps de son frère est sur le point de pousser un gémissement, mais elle retient le cri sur ses lèvres, craignant qu’il n’arrive jusqu’aux oreilles des gardiens, et tout en promenant ses yeux alentour elle contemple son frère, un genou appuyé sur le sol. Le grenadier que tu vois a poussé de lui-même, ou plutôt les Erinyes l’ont fait croître sur le tombeau : si tu en cueillais un fruit, le sang jaillirait de l’arbre. Le feu allumé pour la cérémonie funèbre nous offre aussi un aspect étonnant, car il ne s’élève pas d’un seul jet : au lieu de se fondre ensemble, les flammes se séparent et forment deux foyers distincts, montrant par là que les deux frères ennemis sont encore tels dans leur tombeau", Philostrate, Tableaux II.29). Plus tôt, au IIème siècle, le géographe Pausanias, parcourant les provinces grecques pour écrire sa monumentale Description de la Grèce, mentionne cette intervention militaire des Athéniens alors sous l’autorité de Thésée, il ajoute que cette intervention a été demandée par Adraste le beau-père de Polynice, et que les corps des Sept ont finalement été enterrés sur la route entre Eleusis et Mégare ("Ensuite [sur la route qui relie Eleusis à Mégare] se trouvent les tombeaux de ceux qui furent tués devant Thèbes. Créon, qui gouvernait alors comme tuteur de Laodamas fils d’Etéocle, n’ayant pas voulu permettre à leurs proches d’enlever ces corps pour leur donner la sépulture, Adraste implora le secours de Thésée. Un combat s’étant livré entre les Béotiens et les Athéniens, Thésée remporta la victoire, et apporta les corps de ces héros à Eleusis où il les fit enterrer", Pausanias, Description de la Grèce, I, 39.2). Le propos de Pausanias est conforme avec celui d’Euripide dans sa tragédie Les suppliantes, datant peut-être de -422 - soit cinq siècles avant la Description de la Grèce -, qui évoque précisément la venue d’Adraste à Thèbes pour réclamer à Créon les corps de Polynice et des Argiens morts, puis sa démarche auprès de Thésée après le refus de Créon, puis la victoire militaire finale de Thésée et la crémation des corps près d’Eleusis ("Consacre au dieu ce terrain abandonné où le feu purifia les corps, auprès du carrefour de l’isthme", Les suppliantes 1211-1212). Cette tradition d’une intervention athénienne dans les affaires thébaines au moment de la guerre des Sept semble très ancienne puisque Hérodote, dans son Histoire, affirme que juste avant la bataille de Platée en -479, les Athéniens, pour obtenir l’honneur de se battre sur l’aile gauche de l’armée grecque contre les Perses, ont rappelé leurs prouesses militaires lors de leur intervention à Thèbes du temps de la guerre des Sept ("Quand les Argiens autour de Polynice trouvèrent la mort en attaquant Thèbes, quand leurs cadavres gisaient privés de sépulture, nous proclamons avoir marché contre les Cadméens, ramené les morts, et nous les avons ensevelis à Eleusis dans notre patrie", Histoire IX.27).


Pourtant, le même Pausanias, dans la suite du passage précité de sa Description de la Grèce, dit que les Thébains ont une autre version de l’intervention athénienne : ceux-ci assurent avoir rendu les corps aux Athéniens par la négociation, et non pas à la suite d’une bataille ("Les Thébains disent que ces corps furent enlevés de leur consentement, et qu’il n’y eut pas de combat", Description de la Grèce, I, 39.2). Plutarque soutient la même chose, en opposant Les suppliantes d’Euripide à une tragédie d’Eschyle aujourd’hui perdue intitulée Les Eleusiniens - donc antérieure, puisque Eschyle est mort vers -456, or nous avons dit que Les suppliantes date des environs de -422 -, évoquant également les derniers hommages rendus par Adraste à Polynice et aux Argiens morts grâce à l’intervention diplomatique, et non pas militaire, de Thésée ("Ce fut aussi [Thésée] qui aida Adraste à retirer les corps des guerriers tués au siège de Thèbes, non pas en gagnant une bataille sur les Thébains comme le dit Euripide dans sa tragédie, mais en les persuadant de faire une trêve. C’est ainsi du moins que la plupart des historiens le racontent. Philochore prétend que cette trêve est la première qu’on ait faite pour retirer les morts après une bataille […]. Les soldats d’Adraste furent enterrés à Eleuthère, où sont encore leurs tombeaux, et les chefs à Eleusis, Thésée ayant bien voulu en accorder la permission à Adraste. Ce qu’Euripide avance à ce sujet dans sa tragédie Les Suppliantes est contredit par Eschyle dans celle des Eleusiniens, où Thésée lui-même rapporte tout cela", Plutarque, Vie de Thésée 29). Au IVème siècle av. J.-C., Isocrate dans son Panathénaïque résume de façon détaillée une tragédie consacrée aux Sept d’un auteur qu’il ne nomme pas, mais qui ne peut pas être Les suppliantes d’Euripide puisque ce résumé n’en suit pas la trame : les spécialistes pensent qu’il s’agit du résumé des Eleusiniens d’Eschyle, la morale qui sous-tend cette tragédie (les deux parties parviennent à contenir leur hybris et à trouver une issue honorable pour chacun) étant conforme à la morale que défend Eschyle dans ses autres pièces parvenues jusqu’à nous. Dans ce résumé d’Isocrate, comme dans le paragraphe de Pausanias et de Plutarque, Thésée obtient les corps par la parole et non par l’épée, après avoir témoigné de préoccupations sur l’ensevelissement des morts très proches de celles de l’Antigone de Sophocle ("Qui peut ignorer ou n’avoir pas entendu de la bouche de nos poètes tragiques, dans les fêtes de Dionysos, le récit des malheurs d’Adraste devant Thèbes ? Adraste, voulant replacer sur le trône le fils d’Œdipe, l’époux de sa fille, avait perdu un grand nombre d’Argiens et vu périr tous ses chefs, lui-même n’avait sauvé sa vie qu’aux dépens de son honneur. N’ayant pu obtenir de trêve ni enlever les corps de ceux qui avaient succombé, il se fit le suppliant d’Athènes, que Thésée alors gouvernait encore : il la conjura de ne pas souffrir que de tels hommes restassent sans sépulture, et de ne pas laisser ainsi abolir un ancien usage, une loi de nos pères, suivie par tous les peuples non comme une institution d’origine humaine mais comme un ordre émanant de la puissance des dieux. Le peuple, après l’avoir entendu, envoya aussitôt des députés vers les Thébains pour les engager à adopter une résolution plus conforme à la religion, et à donner une réponse plus équitable que la première, en leur faisant comprendre qu’Athènes ne leur permettrait pas d’enfreindre une loi commune à tous les Grecs. Les chefs des Thébains, frappés de ces paroles, prirent une détermination qui n’était pas conforme à l’opinion de quelques-uns d’entre eux ni à leur résolution première : avec une égale modération, après s’être justifiés de leur conduite et avoir accusé ceux qui les avaient attaqués, ils permirent à la cité de relever les corps", Isocrate, Panathénaïque 168-171).


Cette intervention des Athéniens dans la guerre entre Thébains et Argiens est surprenante. Les récits anciens et l’archéologie montrent en effet qu’Athènes à l’époque mycénienne n’a jamais joué un rôle aussi important qu’elle jouera plus tard à l’époque classique, et plus particulièrement au Vème siècle av. J.-C. sous le gouvernement de Thémistocle puis de Périclès. On comprend mal par conséquent pourquoi et comment la puissante cité d’Argos, qui à l’époque mycénienne partage avec Mycènes et Thèbes l’hégémonie sur toute la Grèce continentale, aurait eu besoin de l’aide de cette modeste cité périphérique d’Athènes pour régler son différend avec sa rivale Thèbes. De plus, à l’époque mycénienne, Eleusis n’est pas encore dans le giron d’Athènes : ce n’est que quand les Doriens menaceront Athènes à l’extrême fin de l’époque mycénienne et au début de l’époque des Ages obscurs, s’emparant de Mégare et menaçant directement Athènes gouvernée alors par Codros, devenue le dernier refuge des Péloponnésiens en fuite, que les Athéniens craignant d’être envahis s’empareront d’Eleusis pour en faire un poste avancé contre ces derniers. On comprend mal par conséquent comment un dirigeant d’Athènes - en l’occurrence Thésée - aurait pu s’arroger le droit d’enterrer des morts sur cette terre d’Eleusis qui à cette époque n’appartenait pas encore à la cité qu’il dirigeait. Enfin, quand on s’intéresse de près aux auteurs du Vème siècle av. J.-C. que l’on vient de citer - Eschyle, Hérodote, Euripide -, on constate que ce ne sont pas des auteurs neutres : leurs déclarations visent toujours à convaincre le lecteur ou le spectateur qu’à l’époque de la guerre des Sept contre Thèbes, Athènes était déjà une grande cité à laquelle les Grecs demandaient aide et conseil. Autrement dit, ces auteurs ont trafiqué la vérité historique pour donner à Athènes un rôle prépondérant qu’elle n’avait nullement à l’origine. Cela est flagrant dans Les Eleusiniens d’Eschyle qui, nous l’avons dit, montre un Thésée ayant des préoccupations morales très proches de celles des Athéniens du Vème siècle av. J.-C., et plus encore dans Les suppliantes d’Euripide datée vers -422, où Thésée dans son message à Créon ("Tu crois punir Argos en maltraitant ses morts ? Tu fais erreur : ceci blesse la Grèce entière. Que l’on frustre les morts de ce qui leur est dû en les privant de sépulture, un tel usage s’il devait prévaloir ferait peur aux plus braves. Et puis, vous qui osez me menacer, vous craindriez donc ces morts s’ils étaient enfouis ? Que redoutez-vous d’eux ? Qu’une fois inhumés ils minent votre sol, qu’ils engendrent dans les entrailles de la terre des enfants dont la vengeance un jour vous atteindrait ? C’est absurde, et l’on perd sa peine à discuter une si misérable et si vaine terreur", Les suppliantes 537-548) semble singer littéralement le discours du héraut envoyé par les Athéniens vers les Thébains vainqueurs de la bataille de Délion en -424 ("[Les Athéniens l’envoyèrent répondre] qu’en prétendant ne rendre les morts qu’à condition d’évacuer le sanctuaire, les Thébains commettaient une impiété beaucoup plus grave que les Athéniens, qui se refusaient à céder le sanctuaire pour se faire restituer ce qui leur appartenait de droit, qu’ils invitaient donc l’adversaire à déclarer sans équivoque s’il était prêt à respecter l’usage traditionnel et à leur accorder une trêve pour recueillir leurs morts sans réclamer l’évacuation préalable de la Béotie par les forces athéniennes", Thucydide, Guerre du Péloponnèse IV.98), et surtout décrit l’Athènes de l’époque mycénienne qu’il gouverne comme une cité démocratique telle qu’elle le deviendra au Vème siècle av. J.-C. ("Tu te trompes d’emblée, étranger : tu cherches un roi ["tÚrannoj"], mais le pouvoir ici n’est pas aux mains d’un seul, la cité est libre. Le peuple y règne, tour à tour les citoyens administrent l’Etat comme magistrats annuels, sans privilège de fortune, car le pauvre et le riche y ont des droits égaux", Les suppliantes 403-408), description aussi surréaliste que pourrait l’être, dans une pièce écrite par un auteur de la fin du XIXème siècle désireux de vanter la Troisième République française, une scène soi-disant datée du XVIIème siècle dans laquelle Louis XIV dirait : "Il n’y a pas de roi en France, tous les citoyens y règnent tour à tour sans que l’un conserve davantage de privilèges que l’autre". Platon enfin, en utilisant le nom d’Adraste comme un synonyme de "bon parleur" ("Que dirait Adraste au doux langage ou Périclès, s’ils entendaient parler de ces beaux artifices qui nous occupaient tout à l’heure tels que celui de la concision ou des images, enfin toutes ces ressources du même genre que nous nous sommes promis d’examiner au grand jour ? Ne crois-tu pas que comme toi et moi ils se permettraient d’injurier ceux qui ont écrit de pareilles choses, qui les enseignent et qui les donnent pour l’art oratoire ? Ou bien, comme ils sont plus sages que nous, c’est peut-être à nous qu’ils feraient des reproches : “O Phèdre, ô Socrate, nous diraient-ils, au lieu de vous fâcher, il faut pardonner à ceux qui, ignorant la dialectique, n’ont pu par suite de cette ignorance définir la rhétorique : parce qu’ils en avaient les éléments, ils ont cru avoir trouvé la rhétorique elle-même, et se sont imaginé qu’en enseignant tous ces détails à leurs disciples ils leur apprendraient parfaitement l’art oratoire, mais ils ont négligé l’art de diriger toutes ces choses vers un but commun, la persuasion, et d’en composer l’ensemble du discours, et ont laissé à leurs auditeurs le soin de se tirer eux-mêmes d’affaire sur ce point”", Phèdre 269a-c ; dès le VIIème siècle av. J.-C., le poète Tyrtée a lui aussi souligné l’éloquence d’Adraste : "Je ne jugerai pas un homme digne de mémoire, ni ne ferai cas de lui pour sa seule valeur dans la course à pied ou la lutte, […] sa langue fût-elle plus douce que celle d’Adraste, possédât-il toute espèce de gloire, s’il n’a pas la valeur militaire, s’il n’est pas homme à tenir bon dans la bataille", Tyrtée, Elégies, fragment 12.1-13), suggère que celui-ci n’a jamais eu besoin d’un Thésée, ni d’ailleurs de qui que ce soit, pour plaider sa cause auprès des Thébains et leur réclamer les corps de ses alliés morts, autrement dit que l’intervention décisive de Thésée dans l’ensevelissement des Sept est, sinon une invention totale, du moins une amplification tardive des Athéniens, qui ont voulu de cette manière hausser leur gloire en reculant leur ancienneté et en se donnant un beau rôle de médiateurs universels.


Le conflit entre Polynice et Etéocle a pour origine la malédiction de leur père Œdipe. Il était rapporté en détail dans la Thébaïde, épopée aujourd’hui disparue appartenant à un triptyque qui est peut-être la toute première œuvre écrite de l’époque archaïque, avant même l’Iliade ("Cette guerre a été aussi le sujet d’un poème nommé la Thébaïde que Callinos attribue à Homère. Beaucoup de gens, dont l’opinion est de poids, sont du même avis, et je trouve qu’après l’Iliade et l’Odyssée ce poème est celui qui mérite le plus d’éloges", Pausanias, Description de la Grèce, IX, 9.5), le premier volet de ce triptyque étant l’Œdipodie qui racontait l’histoire de Laïos et de son fils Œdipe, le troisième volet étant Les Epigones qui racontait la seconde guerre contre Thèbes, une génération après celle de Polynice, conduite par Thersandre le fils de Polynice et les autres fils des Sept. A une date inconnue, pour expliquer le vers 1375 d’Œdipe à Colone ("Voilà les imprécations que j’ai lancées sur vous deux"), un scoliaste a cité quatre vers de cette Thébaïde disparue, qui nous apprennent qu’Etéocle et Polynice ayant servi à leur père Œdipe une cuisse au lieu d’une épaule, celui-ci les a maudit - l’épaule étant une partie plus noble que la cuisse - en refusant de désigner l’un ou l’autre comme son successeur, sachant que cela les amènerait à se nuire mutuellement et finalement à s’entretuer ( "Il la jette par terre [la cuisse offerte par ses fils] et dit : “Hélas de moi ! Mes enfants m’ont envoyé ceci pour m’outrager !”. Il prie le roi Zeus et les autres Immortels pour qu’ils descendent dans l’Hadès sous leurs coups réciproques”"). Dans un passage de ses Deipnosophistes, Athénée de Naucratis cite un autre passage de la Thébaïde, qui semble situé juste avant celui du scoliaste d’Œdipe à Colone, montrant Polynice qui avance sur la table une coupe d’or ayant appartenu à Laïos, et provoquant la colère de Œdipe qui croit - peut-être avec raison - que Polynice lui reproche ainsi le meurtre de Laïos ("Œdipe prononce des imprécations contre ses fils à cause de ses vases à boire, comme le dit l’auteur de la Thébaïde, où on les voit servir ces vases contre son gré. Voici ce qu’il dit : “Polynice aux cheveux blonds, ce divin héros, dresse la table pour Œdipe : elle est d’argent, et vient de Cadmos instrument des dieux. Après cela il remplit une belle coupe d’or, d’un vin exquis. Mais Œdipe, s’apercevant qu’on lui sert les vases respectables qui viennent de son aïeul, en est extrêmement fâché : prononçant aussitôt des imprécations terribles contre ses deux fils pour qu’elles soient entendues par les Erinyes, il souhaite qu’ils se disputent l’héritage paternel et qu’ils soient toujours en guerre, les armes à la main, l’un contre l’autre”", Athénée de Naucratis, Deipnosophistes X.14).


Nous considérons aujourd’hui qu’Etéocle, Polynice, Ismène et Antigone, sont les quatre enfants qu’Œdipe a engendrés en couchant avec sa mère Jocaste (Antigone elle-même, dans la pièce de Sophocle, dit clairement qu’elle est fille de ces deux personnages : "Ah, fatal hymen d’une mère ! Incestueuses étreintes qui aux bras de mon père ont conduit ma mère au malheur !", 863-866). Mais de nombreux passages d’auteurs anciens nous laissent entendre que cette vision de la famille d’Œdipe est fausse. La plus ancienne occurrence du nom d’Œdipe parvenue jusqu’à nous est celle des vers 271-280 du livre XI de l’Odyssée, qui nous raconte une histoire très différente de celle que nous véhiculons : on y apprend qu’Œdipe a certes couché avec sa mère, mais que celle-ci se nommait Epicaste et non pas Jocaste - est-ce que "Jocaste"/"Iok£sth" est un surnom dont la signification resterait à découvrir ? - , qu’elle était totalement innocente du fait d’avoir couché avec son fils Œdipe - qu’elle n’a pas reconnu après son retour à Thèbes -, que seul Œdipe est responsable d’avoir couché avec elle en sachant qu’elle était sa mère, qu’elle s’est suicidée par pendaison justement parce qu’elle n’a pas supporté d’apprendre, peu de temps après avoir commis l’inceste, donc avant d’avoir eu des enfants, qu’Œdipe était son fils et ne lui a pas pardonné d’avoir couché avec elle en sachant qu’elle était sa mère, et qu’Œdipe a continué à vivre après ce suicide de sa mère, semble-t-il sans s’être crevé les yeux comme dans la pièce de Sophocle ("Je vis la mère d’Œdipe, la belle Epicaste qui d’un cœur ignorant commit le grand forfait : elle épousa son fils, meurtrier de son père et mari de sa mère. Les Immortels révélèrent rapidement son crime. Il put régner pourtant sur les fils de Cadmos dans la charmante Thèbes, mais torturé de maux à cause des dieux courroucés, tandis qu’elle gagnait la maison de l’Hadès aux puissantes clairières après avoir, effondrée de chagrin, suspendu la corde au plafond de sa haute demeure. Après elle, son fils reçut en héritage les innombrables maux que peuvent déchaîner les furies d’une mère"). Un scoliaste anonyme, pour développer le vers 53 des Phéniciennes d’Euripide ("[Œdipe] épousa sa mère sans le savoir, le malheureux"), cite l’Histoire mythologique de Phérécyde de Léros aujourd’hui disparue, qui affirme qu’Œdipe a eu de sa mère Jocaste/Epicaste deux enfants nommés Phrastor et Léonytos, qui sont morts au moment de l’assaut des Minyens emmenés par Erginos contre Thèbes, et qu’après le suicide de Jocaste/Epicaste Œdipe a épousé une autre femme nommée Euryganie, dont il a eu Etéocle, Polynice, Ismène et Antigone, puis épousé une troisième femme nommée Astyméduse après la mort d’Euryganie. Pausanias remet en cause l’existence de ce Phrastor et de ce Léonytos en même temps qu’il confirme celle d’Euryganie, mère réelle des quatre enfants qui nous occupent, en révélant que Phérécyde de Léros n’a fait que répéter sur ce sujet ce que raconte l’Œdipodie mentionnée précédemment et aujourd’hui disparue, il mentionne par ailleurs un tableau d’un certain Onasias dans le temple d’Athéna à Platée représentant Euryganie qui essaie de s’interposer entre ses deux fils Etéocle et Polynice combattant l’un contre l’autre ("Je crois qu’Œdipe n’eut pas d’enfants [de sa mère], et je me fonde en cela sur Homère qui fait dire à Ulysse dans l’Odyssée : “Je vis la mère d’Œdipe, la belle Epicaste qui d’un cœur ignorant commit le grand forfait : elle épousa son fils, meurtrier de son père et mari de sa mère. Les Immortels révélèrent rapidement son crime” [Odyssée XI.271-274]. Comment les dieux auraient-ils divulgué cela “rapidement” ["¥far"], si Œdipe avait eu ses quatre enfants de Jocaste, et non d’Euryganie fille d’Hyperphantos ? Ce fut en effet de cette dernière qu’il eut ses enfants, comme on le voit dans le poème nommé l’Œdipodie, et Onasias dans le tableau qui est à Platée a représenté Euryganie consternée à la vue du combat de ses fils", Pausanias, Description de la Grèce, IX, 5.10-11). Un papyrus possédé par l’Université de Lille en France (le PL 76abc) publié en 1977, comportant un extrait d’une œuvre attribuée à Stésichore d’Himère, poète lyrique du VIème siècle av. J.-C. inspiré directement par la Thébaïde, montre la femme d’Œdipe tenter de réconcilier les deux frères Etéocle et Polynice en leur proposant un partage du pouvoir par tirage sort, selon la proposition de devin Tirésias : ce fragment est intéressant car si l’attribution à Stésichore est fondé il confirme que pour les auteurs du VIème siècle av. J.-C. la mère des deux héritiers (Epicaste/Jocaste ? ou Eurygamie ?) vivait encore au moment de guerre des Sept. Un scoliaste anonyme, pour expliquer les vers 376-377 du livre IV de l’Iliade ("[Tydée] un jour entra dans Mycènes non en combattant mais en hôte, accompagnant le divin Polynice en quête d’une armée"), confirme quant à lui l’existence d’Astyméduse, en ajoutant qu’Œdipe l’a épousée après la mort de Jocaste/Epicaste et d’Euryganie, et qu’elle est directement responsable de l’exil de Polynice, l’ayant publiquement accusé d’avoir tenté de la séduire. Cette accusation est-elle fondée ? ou est-ce un prétexte utilisé par Astyméduse ou par Œdipe pour éloigner Polynice qui se montrait trop pressé de prendre le pouvoir, ou trop hostile à cette femme Astyméduse installée sur le trône occupé précédemment par sa mère Euryganie ? Tant qu’un chanceux papyrologue n’aura pas retrouvé un exemplaire de l’Œdipodie et de la Thébaïde, il nous sera impossible de répondre. En tous cas, quand dans sa tragédie Les Phéniciennes Euripide présente Epicaste/Jocaste encore vivante au moment de l’assaut des Sept contre Thèbes, et se suicidant finalement à la fin de la pièce quand elle découvre la mort réciproque d’Etéocle et de Polynice ("La mère, à la vue de ce triste événement, transportée de douleur, arracha une épée des cadavres et affreusement s’enfonça le fer à travers le cou, et sur ses bien-aimés elle s’étendit morte, les étreignant tous les deux dans ses bras", 1455-1459), il semble avoir compilé en une unique personne ce qui originellement se décomposait en trois personnes : Epicaste/Jocaste la mère d’Œdipe affligée par son inceste, Euryganie la mère des quatre enfants désolée de constater les rivalités naissantes entre eux, et Astyméduse la dernière épouse d’Œdipe qui assiste au dernier duel entre Etéocle et Polynice.


Le déroulement originel de la guerre des Sept paraît également très différent de celui que nous supposons aujourd’hui. En effet, Pausanias dit encore, comme le scoliaste des vers 376-377 du livre IV de l’Iliade, que l’exil de Polynice a eu lieu avant la mort d’Œdipe, que Polynice s’est réfugié à Argos, qu’il est revenu à Thèbes après la mort d’Œdipe pour tenter de régner alternativement avec son frère Etéocle mais que, les deux frères ne parvenant pas à tomber d’accord, Polynice est reparti vers Argos pour préparer la guerre ("Polynice quitta Thèbes du vivant d’Œdipe, et sous son règne, de crainte que ses imprécations contre lui et son frère ne s’accomplissent. S’étant rendu à Argos, il épousa une fille d’Adraste. Il retourna à Thèbes après la mort d’Œdipe, sur l’invitation d’Etéocle, mais ayant eu un différend avec lui après son retour il s’enfuit une seconde fois. Ayant alors prié Adraste de lui donner des forces pour le ramener, il perdit son armée, et les deux frères se tuèrent dans un combat singulier. La couronne revint à Laodamas fils d’Etéocle, encore enfant ; Créon fils de Ménécée prit les rênes du gouvernement comme son tuteur", Pausanias, Description de la Grèce, IX, 5.12-13). Pseudo-Apollodore dit aussi que les deux frères ont tenté de régner chacun leur tour, sans succès ("Etéocle et Polynice convinrent de jouir alternativement du trône, chacun une année. Certains disent que Polynice régna le premier, et qu’au bout de l’année il remit la couronne à son frère. Selon d’autres, ce fut Etéocle qui eut le premier la couronne, et qui ne voulut plus s’en dessaisir. Polynice ayant été exilé de Thèbes, se réfugia à Argos", Bibliothèque, III, 6.1). Selon Diodore de Sicile, Œdipe était effectivement toujours vivant au moment du premier exil de Polynice, mais réduit à l’état de potiche ("Arrivés à l’âge adulte, les deux fils, instruits de l’opprobre de leur maison, forcèrent Œdipe à demeurer enfermé dans son palais. S’étant rendus maîtres du royaume, ils convinrent entre eux de régner tour à tour durant une année. Etéocle, l’aîné, régna le premier. Mais son terme étant expiré, il refusa de céder l’empire que Polynice lui demanda d’après leurs conventions. Ce dernier, indigné, se retira à Argos, chez le roi Adraste. A cette époque, Tydée fils d’Oenée, qui avait tué ses oncles Alcathoos et Lycopée à Calydon, quitta l’Etolie pour se réfugier à Argos. Adraste les accueillit bien tous deux, et selon l’ordre d’un oracle il leur donna ses filles en mariage, Argie à Polynice, et Déipyle à Tydée. Ces jeunes gens si distingués étaient très estimés du roi. Pour leur être agréable, Adraste leur promit de les faire rentrer tous deux dans leur patrie. Voulant d’abord ramener Polynice, il envoya Tydée auprès d’Etéocle pour lui annoncer le retour de son frère. On raconte que Tydée, tombé alors en route dans une embuscade de cinquante hommes postés par Etéocle, les tua tous, et qu’il se sauva miraculeusement à Argos. Averti de cette trahison, Adraste se prépara à la guerre", Bibliothèque historique IV.65). Au VIIIème siècle av. J.-C., Homère dans plusieurs passages de l’Iliade évoque la guerre des Sept : dans aucun de ces passages Polynice ne joue un rôle, seul Tydée apparaît comme le vrai héros charismatique de cette guerre ("[Tydée] trouva nombre de Cadméens festoyant dans le palais du puissant Etéocle. Mais bien qu’étranger, Tydée le conducteur de chars demeura sans trembler au milieu de tous ces Cadméens. Il les défia et les vainquit tous facilement, tant Athéna l’aidait. Alors, irrités, les Cadméens piqueurs de chevaux, sur sa route de retour, dressèrent contre lui une embuscade avec cinquante jeunes hommes. Deux chefs les guidaient, Maion le fils d’Hémon, semblable aux Immortels, et le valeureux Polyphonte fils d’Autophone. Tydée leur infligea un destin lamentable : il les tua tous, ne permettant qu’à un seul de retourner chez lui. Ce fut Maion qu’il renvoya ainsi, pour obéir aux présages des dieux", Iliade IV.385-398 ; "Tydée était de petite taille, mais c’était un guerrier, Un jour, je lui défendis [c’est la déesse Athéna qui parle] de se battre et de faire éclater sa furie : ce fut le jour où, ayant quitté les Achéens, il arriva en messager à Thèbes. Il y avait autour de lui des milliers de Cadméens, je l’engageai à festoyer tranquillement dans le palais. Mais il avait le cœur brutal, comme toujours : il défia les jeunes Cadméens et de tous il triompha aisément, tant je lui vins en aide", Iliade V.801-808 ; "Accompagne-moi [c’est Diomède le fils de Tydée qui parle, appelant la déesse Athéna à l’aide] comme tu as accompagné à Thèbes mon père le divin Tydée, le jour où il s’y rendit, porteur d’un message au nom des Achéens. Il avait laissé au bord de l’Asopos les Achéens à la cotte de bronze, et allait là-bas porter aux Cadméens un propos apaisant. Mais sur la route du retour il conçut des actes terribles avec toi, divine déesse, qui t’empressa de l’assister", Iliade X.285-290 ; "De Tydée je ne me souviens pas [c’est encore Diomède qui parle], puisque j’étais très jeune quand il me laissa, l’armée des Achéens ayant été détruite sous les murs de Thèbes", Iliade VI.222-223 ; "Je me flatte [c’est toujours Diomède qui parle] d’être né du valeureux Tydée, qu’à Thèbes la terre amoncelée a recouvert [Tydée semble donc avoir été enterré à Thèbes et non pas à Eleusis avec les autres chefs argiens comme le prétendront les Athéniens du Vème siècle av. J.-C.]", Iliade XIV.113-114), qui selon Pausanias a mobilisé beaucoup plus que sept cités ("En revenant de là [près d’Argos], vous trouvez les statues de Polynice fils d’Œdipe, et de tous les chefs qui furent tués avec lui en combattant devant les murs de Thèbes. Eschyle n’en compte que sept, mais il y en avait bien davantage, soit d’Argolide, soit de Messénie, il en était même venu quelques-uns d’Arcadie. Les Argiens se sont conformés à la tragédie d’Eschyle", Description de la Grèce, II, 20.5), autrement dit Polynice ne semble avoir été originellement qu’un personnage de second rang, un personnage falot surestimé par son entourage davantage qu’un personnage réellement estimable. Peut-être est-ce l’une des raisons qui a amené les deux armées adverses à interrompre le combat pour s’en remettre à un duel entre Etéocle et Polynice : peut-être Thébains et Argiens, face au nombre élevé de concitoyens morts, ont-ils estimé que Polynice et Etéocle ne méritaient pas une telle boucherie, et qu’un duel était le meilleur moyen d’éviter de continuer à s’entretuer ainsi sans raison véritable et de voir si l’un valait réellement davantage que l’autre ("Comme il périssait beaucoup de monde de part et d’autre, les deux armées convinrent qu’Etéocle et Polynice décideraient par un combat singulier à qui appartiendrait la couronne. Ils se tuèrent tous les deux", pseudo-Apollodore, Bibliothèque, III, 6.8) ? La postérité en tous cas pérennisera ironiquement cette médiocrité égale entre les deux frères, coupables d’avoir provoqué une boucherie et de ne l’avoir arrêtée qu’en s’entretuant, dans le proverbe "vaincre à la cadméenne", c’est-à-dire "vaincre sans victoire comme les descendants de Cadmos Etéocle et Polynice", qu’on trouve par exemple sous la plume de Strabon quand il évoque le chaos provoqué en Grèce par l’absence prolongée des Grecs vainqueurs des Troyens à la fin de l’ère mycénienne ("On peut dire que cette guerre [de Troie] fut aussi funeste aux vainqueurs qu’aux vaincus, les premiers n’ayant remporté qu’une victoire à la cadméenne, coûtant à chacun d’eux la ruine de sa maison en échange d’une part bien faible des dépouilles de l’ennemi", Strabon, Géographie, III, 2.13), sous la plume d’Hérodote quand il évoque la fausse victoire des Phocéens contre les Etrusques et les Carthaginois au large de l’île de Corse dans la seconde moitié du VIème siècle av. J.-C. ("La bataille navale se termina pour les Phocéens par une victoire à la cadméenne, car ils perdirent quarante de leurs navires et les autres furent mis hors service à cause de leurs éperons faussés", Histoire I.166), ou sous la plume de Diodore de Sicile quand il évoque la fausse victoire de Xerxès Ier contre les Spartiates à la bataille des Thermopyles en -480 ("Xerxès Ier, en forçant le passage des Thermopyles, ne remporta qu’une victoire à la cadméenne, comme dit le proverbe, car il perdit lui-même beaucoup plus de monde que l’ennemi", Bibliothèque historique XI.12), ou encore quand il évoque la victoire athénienne des Arginuses en -406 immédiatement suivie par la condamnation à mort des stratèges vainqueurs de cette bataille ("Thrasylos [le texte de Diodore de Sicile donne ici le nom de Thrasybule, mais il s’agit d’une coquille de la part de Diodore de Sicile ou d’un de ses copistes puisque, nous verrons cela dans notre paragraphe sur la troisième guerre du Péloponnèse, Thrasybule ne participe pas à cette bataille des Arginuses en -406, ou du moins il ne s’y trouve pas comme stratège, ce qui lui évite justement d’être condamné, et lui permet deux ans plus tard de prendre la tête de l’armée démocratique contre la dictature des Trente] auquel le commandement du jour de la bataille devait tomber, vit en songe, la nuit précédente, le théâtre d’Athènes plein d’une foule prodigieuse devant laquelle il jouait avec les six autres stratèges la tragédie d’Euripide Les Phéniciennes tandis que les ennemis représentaient sur le même théâtre Les suppliantes du même poète : il comprit que son parti remporterait contre eux une victoire à la cadméenne et que ses associés stratèges mourraient comme les Sept devant Thèbes, ce que confirma le devin en prédisant que la bataille signifierait la mort des sept stratèges athéniens", Bibliothèque historique XIII.97). L’expression "victoire à la cadméenne" sera utilisée une dernière fois par les auteurs grecs pour qualifier le ruineux succès de Pyrrhos à Ausculum au printemps -279 contre les Romains ("Le roi Pyrrhos perdit beaucoup des Epirotes venus avec lui. Quand un de ses amis lui demanda comment la bataille avait tourné, il répondit que “s’il gagnait encore une bataille contre les Romains, aucun des soldats ayant effectué la traversée avec lui ne survivrait”. Tous ses succès furent en vérité des victoires à la cadméenne, pour reprendre l’expression adéquate : par l’étendue de leur empire les vaincus ne furent jamais affaiblis, alors que le vainqueur subit les dommages catastrophiques endurés d’ordinaire par les vaincus’", Constantin, Extraits, Sur les opinions 248), lesquels lui substitueront l’expression latine équivalente "victoire à la Pyrrhus" en souvenir de cette bataille.


Avant de conclure sur Polynice, rappelons que, du temps de Pausanias, au IIème siècle, les Thébains offraient régulièrement des sacrifices à la famille d’Œdipe, sur le caveau familial des Labdacides, et qu’à cette occasion la flamme sacrificielle se scindaient en deux, suggérant que l’opposition entre les deux frères durait encore dans l’au-delà ("Vous trouvez ensuite les tombeaux ces fils d’Œdipe. Je n’ai pas assisté aux sacrifices qui s’y font, mais on raconte que les Thébains les consacrent aux héros et aux fils d’Œdipe, et que durant ces sacrifices à ces frères irréconciliables la flamme et la fumée se séparent en deux", Description de la Grèce, IX, 18.3 : Pausanias rejoint là le tableau de Naples décrit par Philostrate mentionné plus haut, qui montre pareillement une flamme se scindant en deux au-dessus du bûcher commun des morts thébains et argiens). Thersandre le fils de Polynice reprendra le combat de son père avec les Epigones, contre Laodamas le fils d’Etéocle, il réussira à reprendre le trône tandis que les Thébains partisans d’Etéocle et de son fils Laodamas seront contraints de fuir. Selon pseudo-Apollodore Laodamas sera tué durant cet ultime affrontement ("Les Epigones ayant pris Alcméon pour chef, mirent le siège devant Thèbes. Ces guerriers étaient Alcméon et Amphilochos les fils d’Amphiaraos, Egialée fils d’Adraste, Diomède fils de Tydée, Promachos fils de Parthénopée, Sthénélos fils de Capanée, Thersandre fils de Polynice et Euryale fils de Mécistée. Ils ravagèrent d’abord les environs de la cité. Les Thébains étant ensuite venus à leur rencontre sous les ordres de Laodamas fils d’Etéocle, il y eut un combat sanglant, dans lequel Laodamas tua Egialée, avant d’être tué à son tour par Alcméon. Les Thébains ayant perdu leur chef, se refugièrent dans leurs murs. Ensuite, d’après le conseil de Tirésias, ils envoyèrent des ambassadeurs à leurs ennemis pour leur demander la paix, et tandis qu’on traitait ils mirent leurs femmes et leurs enfants sur des chariots, et abandonnèrent la cité. Ils arrivèrent de nuit à la fontaine Tilphoussa : Tirésias y mourut après avoir bu de l’eau de cette fontaine. Après avoir longtemps marché, les Thébains fondèrent une cité qu’ils nommèrent Hestia, où ils s’établirent", Bibliothèque, III, 7.2-3), selon Pausanias il mourra en exil après avoir fui vers l’Illyrie ("Laodamas devenu adulte et gouvernant par lui-même, les Argiens conduisirent pour la seconde fois une armée contre Thèbes. Les Thébains étant allés au devant d’eux jusqu’à Glisante, il y eût un combat dans lequel Laodamas tua Egialée fils d’Adraste. Mais la victoire resta aux Argiens, Laodamas partit à la tombée de la nuit suivante avec ceux des Thébains qui voulurent le suivre et se retira chez les Illyriens. Les Argiens ayant pris Thèbes, la donnèrent à Thersandre fils de Polynice", Description de la Grèce, IX, 5.13-14 ; "Peu d’années après, ceux que les Grecs nomment les Epigones marchèrent avec Thersandre contre Thèbes. Il est certain qu’il y avait dans leur armée, non seulement des Argiens, des Messéniens et des Arcadiens, mais encore des troupes auxiliaires qu’on avait appelées de Corinthe et de Mégare. Les Thébains avaient avec eux les peuples de leur voisinage. Il y eut vers Glisante une bataille où l’on se battit avec acharnement de part et d’autre. Les Thébains ayant été vaincus, les uns quittèrent immédiatement le pays avec Laodamas, ceux qui restaient soutinrent un siège", Description de la Grèce, IX, 9.4-5 ; l’historien Hérodote dit la même chose : "C’est à l’époque où régnait Laodamas fils d’Etéocle que les Cadméens, délogés par les Argiens, se retirèrent chez les Enchélées [tribu illyrienne]", Hérodote, Histoire V.61).

  

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